dimanche 30 juillet 2023

Les Proverbes – Chemins de sagesse (4)

 

Suite et fin de notre mini-série sur les Proverbes, chemins de sagesse. Comme nous l’avons déjà vu dans les épisodes précédents, la particularité du livre des Proverbes est de rassembler des maximes très courtes, avec des formules souvent condensées, quitte à ne pas tout dire explicitement. Chaque mot utilisé à son importance, et il arrive que certains mots ou certaines parties de phrase soit sous-entendues. 

Pour ne pas passer à côté de trésors cachés, il faut donc prendre le temps d’une enquête minutieuse de chaque formule pour en comprendre le sens. C’est ce que nous ferons à nouveau dans un premier temps, avant de prendre un peu de recul pour dégager quelques leçons de vie pour nous aujourd’hui.

Proverbes 10.23-32
23La pratique de l'infamie est comme un jeu pour l'homme stupide ; de même la sagesse pour l'homme intelligent.
24Ce que redoute le méchant, c'est ce qui lui arrive ; ce que désirent les justes, il le donne.
25Quand passe l'ouragan, il n'y a plus de méchant ; les fondations du juste sont là pour toujours.
26Comme le vinaigre pour les dents et la fumée pour les yeux, tel est le paresseux pour ceux qui l'envoient.
27La crainte du SEIGNEUR prolonge les jours ; les années des méchants sont abrégées.
28L'attente des justes, c'est la joie ; l'espoir des méchants disparaît.
29La voie du SEIGNEUR est une forteresse pour l'intégrité ; c'est la ruine pour les malfaisants.
30Le juste ne vacille jamais ; les méchants ne demeurent pas sur la terre.
31La bouche du juste produit la sagesse ; la langue perverse sera retranchée.
32Les lèvres du juste connaissent la faveur ; la bouche des méchants, la perversité.


La pratique de l'infamie est comme un jeu pour l'homme stupide ;
de même la sagesse pour l'homme intelligent.
(Proverbes 10.23)

Il y a ici une comparaison entre le stupide et l’intelligent (littéralement :« l’homme de discernement »). Le proverbe oppose la pratique de l’infamie de l’un à la sagesse de l’autre. En passant, on voit bien ici que la sagesse dont parle les Proverbes n’est pas une sagesse théorique, conceptuelle, mais bien pratique, concrète, puisqu’elle s’oppose à la pratique de l’infamie. 

Pour la personne stupide, pratiquer l’infamie est un jeu. Mais pour la personne qui a du discernement, c’est la pratique de la justice qui est un jeu. Cette notion de jeu est intéressante : elle évoque quelque chose qui procure du plaisir, de la joie. Evidemment, c’est une joie perfide pour ceux qui pratiquent l’infamie… Mais en ce qui concerne la sagesse, considérer sa recherche et sa pratique comme un jeu éclaire de façon intéressante la façon dont nous devons l’envisager : non comme une corvée ou un poids mais comme un jeu et une joie. 


Ce que redoute le méchant, c'est ce qui lui arrive ;
ce que désirent les justes, il le donne.
(Proverbes 10.24)

Est-ce une règle générale qui est énoncée ici ? Est-ce qu’il arrive toujours au méchant ce qu’il redoute et les justes ont-ils toujours ce qu’ils désirent ? Ça paraît peu probable… et surtout complètement déconnecté de la réalité ! 

Que pourrait bien redouter le méchant ? De se faire prendre ? D’être démasqué ? Eh bien ça va lui arriver. C’est bien un risque, toujours présent pour lui. Une source de stress et d’inquiétude : il risque de se faire prendre. Mais c’est aussi une affirmation : un jour il sera démasqué. Il faut ici porter nos regards vers l’horizon du jugement divin à venir… 

Et que désirent les justes ? Le juste, ce n’est pas celui qui est parfait et sans reproche. C’est celui qui s’efforce de vivre dans l’intégrité, de suivre la voie juste, celle que le Seigneur désigne. C’est pourquoi, dans les Proverbes, le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur. Que désirent donc les justes par-dessus tout ? Pratiquer la justice, marcher sur la voie du Seigneur. C’est une promesse : ce que désirent les justes, c’est-à-dire la justice, elle leur est donnée. 


Quand passe l'ouragan, il n'y a plus de méchant ;
les fondations du juste sont là pour toujours.
(Proverbes 10.25)

Si on connaît un peu les évangiles, on pense sans doute ici à une parabole de Jésus, celle du fou qui a construit sa maison sur le sable (sans fondation) et du sage qui l’a construite sur le roc (avec de solides fondations). C’est la même image qui est sous-entendue dans notre proverbe, qu’on pourrait compléter ainsi par exemple :

Quand passe l'ouragan, il n'y a plus de méchant (faute de fondations à sa maison) ; (quand passe l’ouragan le juste tient bon), les fondations du juste sont là pour toujours.

Dans la parabole de Jésus, ce qui fait la différence entre le fou et le sage, c’est la mise en pratique de son enseignement. La mise en pratique de la sagesse constitue des fondations solides pour affronter les épreuves de la vie. Se passer de ces fondations, c’est s’exposer au risque de tout perdre, et c’est la certitude de ne pas résister à l’ouragan ultime du jugement de Dieu. Seuls les justes sont là pour toujours. 


Comme le vinaigre pour les dents et la fumée pour les yeux,
tel est le paresseux pour ceux qui l'envoient.
(Proverbes 10.26)

Ici, pas d’opposition entre le juste et le méchant, ou la sage et l’insensé. Tout le proverbe est consacré au paresseux. Le paresseux est une des figures du méchant ou de l’insensé dans les Proverbes. Ce n’est pas quelqu’un de malveillant ou mauvais, il ne cherche pas à nuire aux autres ou à s’élever au-dessus des autres en les méprisant. Simplement, il procrastine, il ne va pas au bout de ce qu’il commence, il se trouve toujours des excuses pour ne pas faire ce qu’il doit faire… Et on ne peut pas lui faire confiance.

C’est ce que dit ce proverbe. Le vinaigre agace les dents et la fumée fait pleurer les yeux. Autrement dit, ceux qui embauchent des paresseux s’en mordent les doigts. 


La crainte du SEIGNEUR prolonge les jours ;
les années des méchants sont abrégées.
(Proverbes 10.27)

Quelques éléments sont sous-entendus dans la formule : le fait que c’est du juste dont parle la première partie, c’est lui qui respecte le Seigneur et prolonge ses jours, et le fait que le méchant, lui, n’a pas la crainte du Seigneur. 

Ce qui pose question, c’est la formulation absolue de ce proverbe, qui semble quand même difficilement correspondre à la réalité. Peut-on vraiment dire que ceux qui craignent le Seigneur vivent plus longtemps que les méchants ? Vous avouerez que ce n’est pas évident du tout !

Evidemment, on peut s’en sortir en percevant derrière cette formule une perspective ultime, liée à l’éternité. Mais est-ce pleinement satisfaisant ? Les proverbes suivants nous aideront peut-être à mieux le comprendre… 


L'attente des justes, c'est la joie ;
l'espoir des méchants disparaît.
(Proverbes 10.28)

On retrouve ici une opposition entre les justes et les méchants et on parle de leurs attentes et de leurs espoirs. Le proverbe dit ce qu’est l’attente des justes : la joie. En revanche, il ne nous dit pas explicitement quel est l’espoir des méchants. Il dit simplement que cet espoir ne dure pas. 

Fondamentalement, l’attente du juste, c’est de marcher avec Dieu. Et son attente ne sera pas déçue : celui qui veut marcher avec Dieu, Dieu marchera avec lui. C’est une source de joie pour le juste. 

L’espoir du méchant est tourné vers lui-même, vers la satisfaction de ses envies et ses désirs, même au détriment des autres s’il le faut. Cet espoir-là sera forcément déçu, soit parce qu’on ne peut jamais posséder tout ce qu’on aimerait posséder (insatisfaction), soit parce que ce que le méchant recherche ne correspond pas à ce dont il a vraiment besoin. 


La voie du SEIGNEUR est une forteresse pour l'intégrité ;
c'est la ruine pour les malfaisants.
(Proverbes 10.29)

L’image est forte la voie du Seigneur constitue l’exact opposé pour le juste et pour le méchant (ceux qui pratiquent l’injustice) : soit une forteresse soit une ruine. 

Mais qu’est-ce que la voie ou le chemin du Seigneur ? Est-ce le chemin que le Seigneur trace pour que nous l’empruntions ou est-ce le chemin que le Seigneur emprunte lui-même ? Dans le premier cas, le proverbe sous-entendrait une autre voie qui n’est pas du Seigneur et qui, elle, conduit à la ruine. Mais il est plus probable que les deux parties du proverbe aient le même sujet, c’est-à-dire la voie du Seigneur. La formule désigne alors le chemin que le Seigneur emprunte, sa façon d’agir. 

Le Seigneur promet d’être une forteresse pour ceux qui pratiquent la justice, mais il promet d’être la ruine de ceux qui pratiquent l’injustice. Ce proverbe affirmerait alors l’assurance d’un jugement à venir de la part du Seigneur. 


Le juste ne vacille jamais ;
les méchants ne demeurent pas sur la terre.
(Proverbes 10.30)

A première vue, ce proverbe n’est pas vrai ! Bien-sûr que le juste vacille aussi et que les méchants prolongent leurs jours sur la terre… Ce proverbe signifie donc sans doute autre chose. 

La question à se poser, c’est de savoir ce que signifie demeurer ou ne pas demeurer sur la terre. On pourrait d’ailleurs traduire non pas « sur la terre » mais « dans le pays ». 

Si ce proverbe est bien lié à celui qui précède, on parle alors du jugement de Dieu. Il concernerait donc moins notre vie ici-bas sur la terre que dans le « pays du Seigneur », dans sa présence. Il pourrait alors dire que le juste est solidement établi dans le pays de Dieu alors que le méchant n’y demeurera pas, il en sera chassé. 

Voilà qui éclaire sans doute le verset 27 qui nous posait question : « La crainte du SEIGNEUR prolonge les jours ; les années des méchants sont abrégées. ». C’est dans le pays de Dieu, dans sa présence, que celui qui craint le Seigneur prolonge ses jours, alors que les années des méchants y sont abrégées parce qu’il en sera chassé. 


La bouche du juste produit la sagesse ;
la langue perverse sera retranchée.
(Proverbes 10.31)

On revient dans ce proverbe sur les paroles du juste et du méchant. Et on perçoit que tout n’est pas dit explicitement : on nous dit ce que produit la bouche du juste mais pas ce que produit la langue perverse, et on nous dit ce qui advient de la langue perverse mais pas ce qu’on fait de la bouche du juste. 

Derrière cette formule se cache la métaphore de l’arbre et de ses fruits. On pourrait en effet traduire ainsi la première partie : « La bouche du juste donne comme fruit la sagesse ». Et pourquoi la langue perverse est-elle retranchée, coupée ? Parce que le fruit qu’elle produit est mauvais. La bouche du juste est comme un bon arbre qui produit de bons fruits, il faut le préserver. La langue perverse est comme un mauvais arbre qui produit des fruits pourris. Il n’est bon qu’à être coupé. 

La bouche du juste (est comme un bon arbre qui produit la sagesse, elle sera préservée) ; la langue perverse (est comme un mauvais arbre qui produit de mauvais fruits, elle) sera retranchée.

Bref, nos paroles révèlent notre cœur… 


Les lèvres du juste connaissent la faveur ;
la bouche des méchants, la perversité.
(Proverbes 10.32)

Toujours sur le même thème des paroles du juste et celles du méchant, ce proverbe souligne leur impact ou leur réception. J’aime bien la traduction que propose la TOB pour ce proverbe : 

Les paroles du juste sauront plaire,
mais la langue des méchants n’est que propos pervers.

Dans le proverbe précédent, la bouche du juste produit comme fruit la sagesse. Ici on a les lèvres du juste… c’est la même chose. Le proverbe parle donc des paroles de sagesse, qui sont de bons fruits, appétissants et qui donnent envie. La sagesse est plaisante, elle suscite l’accord et l’intérêt de ceux qui l’entendent. 

La bouche des méchants, elle, produit les fruits pourris de la perversité. Ses paroles sont malveillantes, malhonnêtes, avec de mauvaises intentions. Elles n’ont rien à voir avec des paroles de sagesse. 

Voilà une belle façon de terminer ce chapitre des Proverbes, en soulignant la valeur et les bienfaits des paroles de sagesse qu’il contient !


Application

Récapitulons. Plusieurs de ces proverbes nous placent dans une perspective ultime, celle du jugement de Dieu. Cette perspective impacte notre façon de vivre aujourd’hui. Elle procure la paix et la sécurité chez le juste, elle crée de l’insécurité chez le méchant. Il y a aussi plusieurs éléments positifs associées à la vie juste : on parle d’un jeu et de la joie, on parle de sagesse, de forteresse et de sécurité. 

Deux mots me semblent résumer ce que procure la vie juste décrite dans ces proverbes : la joie et la paix. A la fin de la première prédication de notre mini-série, je posais la question suivante : « Et si réussir sa vie, c’était avoir une vie juste ? » Les proverbes lus ce matin nous invitent sans doute à répondre par l’affirmative.

En guise de leçon, je vous propose donc de recevoir deux invitations à la joie et la paix :

  • Considérons la recherche de la justice comme un jeu qui procure de la joie !
  • Trouvons notre paix dans la pratique d’une vie juste, pour aujourd’hui et demain ! 

Ne considérons pas la recherche de la justice (une conduite juste devant Dieu) comme une corvée ou une contrainte qui met un poids sur nos épaules mais comme un jeu qui procure de la joie. La joie de la découverte, la joie de se savoir approuvé ou accompagné par Dieu. 

Et recevons la paix qui découle d’une vie en accord avec notre Créateur, la paix de se savoir dans sa main et l’assurance que, quoi qu’il arrive, que ce soit dans notre vie ou dans notre monde, nous avons une place fermement établie auprès de Dieu, une forteresse pour l’éternité. 


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