dimanche 7 juillet 2024

L’esprit olympique (1) La vie chrétienne, c’est du sport !

 

Comme chaque année, j’aime proposer une mini-série de l’été, pour tout le mois de juillet. Le choix de cette mini-série est évidemment lié à l’actualité sportive incontournable de cet été : les jeux olympiques de Paris. Or la Bible, surtout le Nouveau Testament, et en particulier l’apôtre Paul, utilise à plusieurs reprises des images tirées du sport pour parler de la foi et de la vie chrétienne. C’est l’occasion de s’y référer !

Je propose donc de prendre « l’esprit olympique » comme une métaphore possible de la vie chrétienne. Et pour commencer, nous allons nous arrêter sur le texte biblique qui développe le plus la métaphore sportive, sous la plume de l’apôtre Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant puisqu’au temps du Nouveau Testament, c’était bien à Corinthe que se déroulait tous les deux ans l’étape la plus fréquentée des jeux « panhelléniques ». Dans ce texte, il fait référence à deux épreuves des jeux antiques : la course mais aussi le pugilat (l’ancêtre de la boxe). 

1 Corinthiens 9.24-27
24Vous savez sûrement que les coureurs dans le stade courent tous, mais qu'un seul remporte le prix. Courez donc de manière à remporter le prix. 25Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère. Ils le font pour gagner une couronne qui se fane vite ; mais nous, nous le faisons pour gagner une couronne qui ne se fanera jamais. 26C'est pourquoi je cours les yeux fixés sur le but ; c'est pourquoi je suis semblable au boxeur qui ne frappe pas au hasard. 27Je traite durement mon corps et je le maîtrise sévèrement, afin de ne pas être moi-même disqualifié après avoir proclamé la bonne nouvelle aux autres.

Comme dans une compétition sportive, il s’agit de courir ou de se battre pour remporter le prix promis au vainqueur… autrement dit, il s’agit de vivre sa vie de chrétien avec la perspective des promesses de Dieu à ceux qui lui demeurent fidèles. Pour y arriver, il faut se soumettre à une certaine discipline, d’une part pour progresser comme l’athlète à l’entraînement, et d’autre part pour ne pas faire n’importe quoi comme l’athlète qui doit veiller à ne pas être disqualifié pendant la compétition. 


Concourir de manière à remporter le prix

La première exhortation que l’apôtre Paul tire de sa métaphore sportive, c’est : « courez de manière à remporter le prix. » 

On ne court pas de la même manière quand on fait un jogging le matin ou quand on s’aligne dans une course. On n’est pas dans le même état d’esprit quand on court dans un parc avec des écouteurs dans les oreilles ou quand on est dans les starting-blocks sur la piste d’un stade. Or c’est bien à une course, ou un combat, dans un stade que l’apôtre Paul compare la vie chrétienne.  

En prolongeant la métaphore, il utilise au verset 26 deux formules pour décrire la façon dont l’athlète doit concourir pour remporter le prix : s’il court, il doit courir les yeux fixés vers le but, s’il se bat, il ne doit pas frapper au hasard. Ou comme le traduit la TOB : « Moi donc, je cours ainsi : je ne vais pas à l’aveuglette ; et je boxe ainsi : je ne frappe pas dans le vide. »

Retranscrit pour notre foi, cette double exhortation nous invite à savoir où on va : ne jamais perdre de vue le but de notre vie chrétienne et faire preuve d’intelligence. 

Regardez un coureur de 110 mètres haies. Son but, c’est d’être le premier à franchir la ligne. Il a 110 mètres à parcourir, dans un couloir parsemé d’obstacles, 10 haies à franchir. Tout au long de la course, même lorsqu’il saute les obstacles, il ne regarde qu’une chose : la ligne d’arrivée. 

Pour courir de manière à remporter le prix, il ne faut jamais perdre de vue le but de notre vie chrétienne. Pour rester dans le cadre de la métaphore, il s’agit de ne pas se tromper de couronne. L’apôtre Paul le dit, la couronne qui nous est promise n’est pas la couronne végétale des athlètes antiques, c’est une couronne qui ne se fane jamais. Alors ne nous trompons pas de couronne. Ce qu’on cherche en tant que chrétien, c’est l’approbation de Dieu, pas celle des humains. Ce n’est pas la réussite sociale, la prospérité matérielle, la célébrité ou le pouvoir. C’est le Royaume de Dieu, qui se manifeste dans l’amour pour Dieu et pour notre prochain, dans l’humilité et le service. « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice… » Voilà notre couronne… 

Et puis dans un combat, il ne suffit pas d’être le plus grand ou le plus musclé pour gagner. Il ne suffit pas de taper le plus fort possible, il faut frapper juste et faire preuve d’intelligence au combat. 

On peut dans notre vie chrétienne agir de manière désordonnée, sans réfléchir, voire faire n’importe quoi. On peut dépenser une énergie folle dans de mauvais combats. A force de perdre son énergie à frapper dans le vide, on se fatigue et on s’expose… et on risque bien de finir au tapis. 

Oui, la vie chrétienne est un combat. Il y a des luttes à mener, en soi-même d’abord, contre ce qui en nous a tendance à nous éloigner de Dieu. Il y a un combat à mener contre l’injustice et le mal, contre la haine et la peur et tout ce qui humilie et défigure l’être humain créé en image de Dieu. 

Mais il ne s’agit pas de frapper frénétiquement ou de frapper fort, il faut frapper juste. Il faut faire preuve d’intelligence. Je ne parle ici ni de connaissance encyclopédique ni de QI supérieur. Je parle d’une intelligence pratique, de bon sens et de réflexion. 

On a parfois l’impression qu’en matière de foi et de vie chrétienne, on perd tout bon sens. Parce qu’il faut témoigner, on bombarde de versets bibliques. Parce que le Seigneur est avec nous, on fonce sans réfléchir. Parce que « la Bible est claire », on ne prend pas le temps de la réflexion. 

Ne soyons pas des athlètes qui courent à l’aveuglette ou frappent dans le vide… 


S’astreindre à un entraînement

Un autre aspect de la métaphore sportive développée par l’apôtre Paul est lié à la nécessité de l’entraînement pour le sportif. 

C’est la partie cachée de l’iceberg. Un sportif de haut niveau passe l’essentiel de son temps à l’entraînement, pas en compétition. C’est un travail en secret, qui demande une discipline de fer, des efforts et des renoncements. Ce n’est pas la partie la plus intéressante de sa vie de sportif… mais c’est incontournable s’il veut gagner des compétitions. 

Dans notre vie chrétienne, il n’y a pas que des moments de joie et d’enthousiasme. Il n’y a pas que des réussites et des expériences exaltantes. Il y a plein d’aspects dans notre vie chrétienne qui ne procurent pas une satisfaction immédiate mais qui sont, comme l’entraînement du sportif, incontournables pour achever la course. 

Nous devons nous astreindre à une certaine discipline… Veiller à notre alimentation spirituelle, qu’elle soit nourrissante et équilibrée, avec un régime dont les aliments de base sont la prière et la méditation de la Bible. Nous devons travailler sur nous-mêmes et laisser le Saint-Esprit nous façonner, nous transformer. Nous avons besoin d’exercer notre foi, pour qu’elle progresse, en trouvant des lieux d’engagement et de service, même s’ils ne sont pas toujours valorisants au premier abord. Nous devons persévérer et ne pas vivre que dans l’immédiat, nous investir dans des relations authentiques et vraies, prendre le temps de l’accueil, de l’écoute… 

Si vous ne vivez votre foi que dans l’enthousiasme et l’exaltation, picorant à gauche à droite, en quête uniquement d’expériences fortes et grisantes, vous allez vous essouffler et vous allez au-devant de grandes désillusions. 

Mais si vous acceptez de vous astreindre à un « entraînement » spirituel, parfois exigeant voire ingrat, Dieu agira en vous, vous progresserez dans votre foi et vous verrez le Royaume de Dieu se manifester. 


Veiller à ne pas être disqualifié

Un dernier aspect de la métaphore sportive développée par l’apôtre Paul que j’aimerais souligner est la mise en garde par laquelle il termine le passage biblique de ce matin : « afin de ne pas être moi-même disqualifié après avoir proclamé la bonne nouvelle aux autres. »

Il faut bien comprendre quel est l’enjeu. La question, ici, n’est pas le salut personnel. On a parfois tendance à tout faire tourner autour de la question de notre salut personnel… c’est un peu une obsession évangélique. Faut-il le rappeler, nous sommes sauvés par grâce, c’est un cadeau de Dieu… et on ne reprend pas un cadeau !

Dans la métaphore développée par Paul, cette disqualification est liée à la proclamation de la Bonne Nouvelle. Il parle de sa disqualification en tant que proclamateur de la Bonne Nouvelle du Christ. 

Or, qu’est-ce qui disqualifie notre témoignage sinon nos actes qui démentent nos paroles ?

Ce n’est pas parce que nous sommes sauvés par grâce que nous pouvons faire n’importe quoi, que nous ne sommes pas responsables de ce que nous disons ou faisons. Comme dans une compétition sportive, il y a des règles à respecter. Le Seigneur nous a laissé des commandements et des principes à suivre. Relisez le Sermon sur la Montagne ! 

Je ne dis pas que c’est facile… D’ailleurs Paul, dans le prolongement de la métaphore, dit qu’il agit envers lui-même comme le sportif envers son corps : il le traite durement et le maîtrise. Je dis que c’est une question de cohérence. Et le Seigneur nous vient en aide, heureusement !


Conclusion

La vie chrétienne, c’est du sport ! Ça veut dire que ça demande des efforts, de la discipline, y compris pour des choses qui ne sont pas immédiatement satisfaisantes. On ne peut pas faire n’importe quoi, il y a des règles à respecter. 

Mais c’est aussi exaltant voire grisant, il y a un but à atteindre, un objectif enthousiasmant et une couronne qui nous est promise. Ce qui nous attend au bout de la course, c’est le Royaume de Dieu dans toute sa plénitude. 

La course et le combat en valent vraiment la peine ! 


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