(Cette prédication a été donnée dans le cadre d'un culte avec baptême)
Assister à un baptême ne nous laisse certainement pas indifférent. C’est un moment plein d’émotion, un engagement qui compte pour la personne qui se fait baptiser.
En fonction de notre parcours spirituel, en fonction de nos convictions personnelles, c’est un moment qui fait écho de diverses manières en nous. Si on a soi-même déjà été baptisé, ça peut nous rappeler notre propre expérience du baptême, ou nous interroger sur ce que nous avons fait de notre baptême et de l’engagement qu’il représentait. Si on n’est pas baptisé, on peut se demander en quoi cela pourrait nous concerner. Comment est-ce que je perçois la foi, Dieu, la personne de Jésus ?...
Bref, assister à un baptême, c’est d’une certaine façon entendre un appel, auquel chacun est libre de répondre ou non…
Je vous propose donc de lire dans la Bible un récit d’appel.
Marc 2.13-1713Jésus retourna au bord du lac de Galilée. Toute la foule venait à lui et il les enseignait. 14En passant, il vit Lévi, le fils d'Alphée, assis au bureau des impôts. Jésus lui dit : « Suis-moi ! » Il se leva et le suivit. 15Jésus prit ensuite un repas dans la maison de Lévi. Beaucoup de collecteurs d'impôts et de pécheurs étaient à table avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre. 16Et les spécialistes des Écritures qui étaient du groupe des pharisiens virent que Jésus mangeait avec les pécheurs et les collecteurs d'impôts ; ils disaient à ses disciples : « Pourquoi mange-t-il avec les collecteurs d'impôts et les pécheurs ? » 17Jésus, qui avait entendu, leur dit : « Ce ne sont pas les personnes en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler ceux qui croient faire la volonté de Dieu, mais ceux qui se reconnaissent pécheurs. »
Lévi n’est pas la première personne que Jésus appelle à le suivre. Mais jusqu’ici, il s’agissait de gens plutôt fréquentables… Modestes mais fréquentables. Les premiers qu’il a appelés étaient des pêcheurs de Galilée. Et d’autres ont suivi. On nous dit au verset 15 qu’ils étaient nombreux, sans préciser de qui il s’agissait.
Cette fois, c’est un certain Lévi que Jésus appelle. Un collecteur d’impôts. Les collecteurs d’impôts étaient mal vus parce qu’ils travaillaient pour l’occupant romain. Aux yeux des Pharisiens, un parti religieux qui prônait la pureté, ils étaient associés à cette catégorie un peu fourre-tout des « pécheurs » : les gens infréquentables, impurs, dont le comportement était condamnable. Dans la même catégorie, on trouve aussi les prostituées par exemple.
Non seulement Jésus appelle l’une de ces personnes à le suivre mais en plus il va manger chez elle. Et il se retrouve à table avec « beaucoup de collecteurs d’impôts et de pécheurs. » La pilule passe difficilement pour les Pharisiens. Comment Jésus ose-t-il manger avec ces gens-là ?
Et Jésus le savait bien… Il les entend se plaindre auprès de ses disciples. C’est alors qu’il leur dit cette parole forte : « Ce ne sont pas les personnes en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler ceux qui croient faire la volonté de Dieu, mais ceux qui se reconnaissent pécheurs. » Dans le grec, la langue du Nouveau Testament, la formule est plus directe encore : « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs. »
L’appel de Jésus est pour ceux qui ont besoin de lui
Jésus n’appelle pas des gens qui n’ont pas besoin de lui ! Que ce soit vrai ou pas importe peu… Le fait de penser qu’on n’a pas besoin de lui suffit à nous rendre sourd à son appel.
Si tout va bien dans notre vie, si tout nous réussit, si on est en parfaite santé et qu’on file le parfait bonheur, pourquoi se soucier de Dieu ? D’ailleurs, les chrétiens eux-mêmes ont tendance à le vivre… C’est dans l’épreuve, quand les difficultés ou les malheurs surviennent qu’on pense souvent plus à se tourner vers Dieu, du moins avec plus d’intensité. Quand tout va bien, on peut l’oublier un peu…
La bonne nouvelle, c’est que Dieu est patient et plein de bonté. Comme le père de la parabole dite de l’enfant prodigue, il attend notre retour, et il court à notre rencontre pour nous prendre dans ses bras. Même si on l’a oublié ou laissé de côté pour un temps…
Et si on se posait donc la question ? En quoi ai-je besoin de Jésus aujourd’hui ? De quoi est-ce que je suis « malade » ? En quoi ai-je besoin de guérison, ou de rééducation ? C’est pour les « malades » qu’il est venu, pour les pécheurs.
On peut se poser ces questions même si on est chrétien, même depuis de longues années. Pour renouveler notre engagement, pour poursuivre notre cheminement de foi. En quoi ai-je besoin de Dieu dans ma vie aujourd’hui ? Si vous cherchez, je suis sûr que vous trouverez !
Et peut-être que pour la première fois vous vous direz : oui, j’ai besoin de Dieu dans ma vie. Il sera temps alors de répondre à l’appel de Jésus : « suis-moi ».
L’appel de Jésus est un appel à le suivre
« Suis-moi », c’est en effet l’appel de Jésus qui retentit dans les évangiles. Et ça n’a pas changé aujourd’hui ! La foi chrétienne, aujourd’hui encore, n’est que la réponse à l’appel de Jésus… Que signifie donc ce « suis-moi » de Jésus ? Au moins trois choses.
« Suis-moi » = « mets-toi en marche »
La foi nous met en marche dans un cheminement. Lorsque Jésus dit « suis-moi », il nous dit « bouge, mets-toi en marche, prends le risque de t’engager sur le chemin de la foi ! »
Il faut dire que Jésus ne tenait pas en place ! Pendant les trois ans de son ministère, il a parcouru le pays de long en large. Et ses disciples le suivaient. Il disait explicitement qu’il n’avait pas de lieu où reposer sa tête. La foi est une marche, un cheminement, qui ne s’arrête jamais. On sait qui on suit mais on ne sait pas à l’avance où il nous emmènera ! On ne connaît pas l’itinéraire mais on connaît le guide !
La vie chrétienne n’a pas un plan de route préétabli avec toutes les étapes clairement définies. C’est une marche vers un certain inconnu… mais guidé par le Christ, en qui nous plaçons notre confiance (qui est une autre façon de parler de la foi).
« Suis-moi » = « laisse ce qui te retient »
Si on se met en marche, c’est qu’on laisse quelque chose derrière soi. Les pêcheurs Simon et André ont laissé leurs filets, Lévi laisse son bureau de collecteur de taxes. Le changement ne sera pas aussi radical pour tout le monde mais se décider à suivre Jésus implique toujours de laisser, d’abandonner, de renoncer à quelque chose. Ne serait-ce que notre façon de vivre sans Dieu. Cela peut être certaines de nos pratiques, certaines valeurs jusqu’alors importantes à nos yeux… Il s’agit de laisser tout ce qui nous retient loin du Christ.
Même si suivre Jésus implique des renoncements, ça ne signifie pas pour autant qu’on aura une vie morne faite que de privations. Regardez Lévi. Quelle a été la première chose qu’il a faite en tant que disciple ? Accueillir Jésus et ses amis pour faire la fête autour d’un repas !
« Suis-moi » = « fais comme moi »
Le terme grec mathêtês, qu’on traduit en français par « disciple » pourrait aussi être traduit par « apprentis ». C’est celui ou celle qui apprend de son maître. Il me semble pertinent de voir la vie chrétienne comme un apprentissage. Au début, il y a la joie de la découverte mais bien vite on se rend compte de ses lacunes. Alors on apprend. On acquiert de l’expérience. On augmente notre connaissance de Dieu et sa Parole. Notre foi s’affermit.
On ne naît pas chrétien, on le devient… Et je dirais même qu’on ne cesse jamais de devenir chrétien, d’apprendre à l’être. Nous sommes tous des apprentis de la foi. Et nous le restons toute notre vie.
Il faut d’ailleurs encore donner une dernière précision, qui a son importance. Ces trois dimensions du « suis-moi » de Jésus demeurent toujours d’actualité pour le chrétien, quelle que soit son expérience.
- Il y a toujours, dans notre cheminement avec le Christ, des moments où on s’arrête et où on se met sur le bas-côté. Des moments où on a besoin de se remettre en marche.
- De même, il est légitime de se demander sans cesse qu’est-ce que nous devrions encore lâcher, ce qui nous retient loin du Christ. Soit parce que nous ne l’avons jamais vraiment lâché jusqu’ici, soit parce que nous nous en sommes encombrés en cours de route.
- Quant à l’apprentissage, le piège serait de croire qu’au bout d’un certain temps, on a fini l’apprentissage, on maîtrise parfaitement notre vie chrétienne. C’est souvent à ce moment-là qu’on se prend une tuile sur le coin de la figure… et il n’est pas toujours facile de se relever, surtout quand on tombe de haut !
Conclusion
« Suis-moi ! » L’appel de Jésus continue de résonner jusqu’à nous aujourd’hui. Le même Jésus qui a appelé Lévi, Simon et André, et tous les autres disciples, à le suivre nous appelle aussi aujourd’hui.
Que vous soyez sur le chemin de la foi depuis de longues années, ou seulement au tout début de votre cheminement, et même peut-être encore sur le bord du chemin, je vous invite à vous poser ces questions :
- De quoi suis-je « malade » ? En quoi ai-je besoin du Christ comme « médecin » dans ma vie ?
- Qu’est-ce qui me retient encore pour poursuivre (ou commencer) ma marche par la foi à la suite du Christ ?
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