dimanche 31 août 2025

La quête de la sagesse

Proverbes 4.1-9
1Écoutez, mes enfants, les instructions d'un père. Soyez attentifs et vous apprendrez à être intelligents. 2Je vous transmets des connaissances sûres, ne rejetez pas ce que je vous enseigne. 3Moi aussi, j'ai été un fils attentif pour mon père, j'ai été tendrement aimé par ma mère. 4Mon père m'enseignait ainsi : « Retiens bien mes paroles, observe les règles que je te donne et tu vivras. 5Acquiers la sagesse et l'intelligence, et ne les oublie plus. Ne néglige aucune parole de ma bouche. 6Ne rejette pas la sagesse et elle t'aidera, aime-la et elle veillera sur toi. 7Pour devenir un sage, commence par acquérir la sagesse ; donne tout ce que tu possèdes pour acquérir l'intelligence. 8Serre la sagesse contre toi, elle te rendra grand et noble si tu l'enlaces. 9Elle sera pour toi une parure gracieuse, une couronne magnifique. »

Dans notre texte, il y a deux termes qui sont traités comme des quasi-synonymes : la sagesse et l’intelligence. Peut-être y a-t-il une nuance, où la sagesse serait liée plus à la pratique et l’intelligence à la pensée. Mais c’est juste une question de nuance. 

On peut parler globalement de la sagesse, qui est le sujet principal du livre des Proverbes. Mais la sagesse des Proverbes est une sagesse pratique, concrète. Elle concerne moins les grands principes philosophiques que des principes de vie. La sagesse biblique c’est le bien vivre plus que le bien penser. 

On a ici un père qui s’adresse à ses enfants. Il les invite à recevoir sa sagesse comme lui-même l’a reçue de ses parents. Il y a l’idée d’un héritage et d’une transmission. C’est l’importance et le poids de l’éducation reçue, qui façonne notre façon de vivre aujourd’hui. Mais en même temps, les enfants du texte n’ont pas à être passifs mais actifs. Il s’agit d’être attentif, de retenir, d’observer… et même de chercher à acquérir la sagesse. 

La sagesse ne nous tombe donc pas comme ça du ciel. Il faut la chercher. C’est le principe qu’évoque le verset 7, dans une formule qui peut surprendre : « Pour devenir un sage, commence par acquérir la sagesse ; donne tout ce que tu possèdes pour acquérir l'intelligence. »

Littéralement, le début du verset dit : « Commencement de la sagesse : acquiers la sagesse… » (NBS) C’est comme si le père de notre texte disait : Tu veux la sagesse ? Vas-y, cherche-la ! Mets-y le prix, ça vaut la peine : « donne tout ce que tu possèdes pour acquérir l'intelligence. » 


La recherche de la sagesse est déjà de la sagesse

C’est une façon de comprendre l’énigmatique formule : « Commencement de la sagesse : acquiers la sagesse… » Chercher la sagesse, c’est déjà faire preuve de sagesse ! Car c’est reconnaître que la sagesse est une quête, et une quête qui ne se termine jamais. 

La deuxième partie du verset 7, « donne tout ce que tu possèdes pour acquérir l'intelligence. », peut d’ailleurs souligner qu’il s’agit de ne jamais se contenter de ses acquis mais de sans cesse relancer la recherche. C’est un peu ce que laisse entendre la traduction de la TOB : « Principe de la sagesse : acquiers la sagesse et, au prix de tout ce que tu as acquis, acquiers l'intelligence. » C’est une quête sans fin. 

La recherche de la sagesse est déjà de la sagesse, parce que la sagesse demeure toujours une quête. Bien souvent, le sage est celui qui cherche, pas celui qui prétend avoir trouvé… Méfions-nous en tout cas de celui qui a réponse à tout, qui prétend avoir tout compris, tout vécu, tout trouvé. Car si le sage est celui qui cherche, le fou est sans doute celui qui refuse de chercher, ou qui ne cherche plus parce qu’il pense ne plus en avoir besoin. 

« Celui qui cherche la sagesse est un sage, celui qui croit l'avoir trouvée est un fou. » disait Sénèque… 

Le commencement de la sagesse c’est la recherche de la sagesse. Mais ce n’est que le commencement. Car en cherchant, on trouve… même si on se rend compte aussi qu’il nous reste toujours à chercher, encore et encore. 

Rechercher la sagesse, c’est se poser les bonnes questions. C’est refuser les réponses toutes faites et ne pas se contenter des évidences. Alors n’ayez pas peur de poser des questions. Ne craignez pas de vous interroger, et d’interroger les autres. Ne vous lassez pas de chercher. La parole de Jésus, « Cherchez et vous trouverez »… c’est aussi valable pour la sagesse ! 


Aimer la sagesse

Le verset 8 poursuit l’exhortation de façon imagée : « Serre la sagesse contre toi, elle te rendra grand et noble si tu l'enlaces. »

Les verbes utilisés ici peuvent étonner : serrer, enlacer. Qui est-ce qu’on enlace et qu’on serre contre soi, sinon ceux qu’on aime ? Il s’agit bien d’aimer la sagesse. La TOB traduit même : « Etreins-la et elle t'élèvera, elle t'ennoblira si tu l'embrasses. »

La formule est belle et intéressante parce qu’elle nous situe dans le registre de l’amour et du plaisir, pas celui de l’obligation ou de la contrainte. Si tu veux être sage, aime la sagesse ! Prends plaisir à rechercher ce qui est juste et bon. Trouve ton bonheur dans la découverte de cette sagesse du quotidien. 

Et cela change ma façon d’envisager ma vie de foi. Je ne vais pas lire la Bible ou prier simplement parce qu’il faut le faire mais pour y chercher des réponses, pour y découvrir une sagesse, pour comprendre comment agir, vivre, me comporter chaque jour. Je ne vais pas chercher à accumuler des connaissances mais plutôt à discerner une sagesse pour mon quotidien. 

Bien lire la Bible et bien prier, c’est le faire avec sagesse, c’est-à-dire avec cette soif de comprendre, cette envie de découverte, ce besoin d’apprendre pour le vivre et le mettre en pratique. Et comme Jacques le dit dans son épître : « si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui la lui donnera ; car Dieu donne à tous généreusement et avec bienveillance. » (Jacques 1.5)


Un trésor de grand prix

C’est cet amour de la sagesse qui fera d’elle un vrai trésor précieux dans notre vie. A la fin de notre texte, la sagesse est en effet comparée à un bijou, une couronne ou un diadème dont on se pare. Elle est un trésor de grand prix pour qui sait la chercher et la chérir. Ce qui justifie le fait d’y mettre le prix. Or, cette logique d’acquérir un trésor précieux au prix de tout ce qu’on possède rappelle certaines paraboles de Jésus, notamment deux courtes paraboles du Royaume :

Matthieu 13.44-46
44Le royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. Quelqu'un le trouve et le cache de nouveau. Il est si heureux qu'il va vendre tout ce qu'il possède et achète ce champ.
45Le royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles. 46Quand il a trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède et achète cette perle.

Dans ces deux paraboles de Jésus, le Royaume de Dieu est comparé à un trésor qu’il faut chercher. Et la conclusion de chacune des deux fait écho aux paroles de Proverbes 4 : « acquiers la sagesse et, au prix de tout ce que tu as acquis, acquiers l'intelligence. » 

Dans la première parabole, le Royaume de Dieu, c’est le trésor lui-même : « Le royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. » Mais le Royaume de Dieu est aussi dans la recherche du trésor comme l’affirme la deuxième parabole : « Le royaume des cieux ressemble encore à un marchand qui cherche de belles perles. »

C’est pourquoi ces deux courtes paraboles entrent parfaitement en écho avec le texte de Proverbes 4, où la sagesse est un trésor de grande valeur qu’il s’agit de rechercher, mais où la sagesse commence déjà dans le fait même de la rechercher. On nous dit la même chose du Royaume de Dieu dans ces deux paraboles. 

Ne pourrait-on pas alors affirmer que le Royaume de Dieu est, d’une certaine façon, une sagesse, au sens biblique du terme ? C’est aussi une façon d’envisager la vie, une façon d’être, de vivre avec notre prochain. 

Le Royaume de Dieu est une réalité spirituelle, c’est la manifestation du règne de Dieu. Evidemment qu’on attend encore sa pleine révélation au jour de l’accomplissement ultime du projet de Dieu. Mais ce Royaume est déjà présent. Avec Jésus-Christ, il s’est approché de nous. Il est le Roi qui révèle le Règne de Dieu. Un Roi humble, qui s’est fait serviteur pour notre salut. Jésus, par son exemple, a ouvert un chemin de sagesse. 

Découvrir le Royaume de Dieu aujourd’hui, c’est découvrir un chemin de sagesse pour notre vie, qui impacte toutes les sphères de notre existence. « Cherchez d'abord le règne de Dieu, cherchez à faire sa volonté, et Dieu vous accordera aussi tout le reste. » (Matthieu 6.33)


Conclusion

La recherche de la sagesse devrait être une de nos préoccupations en tant que chrétien, le chemin normal d’une vie chrétienne. 

L’auteur de l’épître aux Hébreux n’est pas tendre avec ses lecteurs qu’il estime paresseux et manquant cruellement de maturité spirituelle, de sagesse : 

Hébreux 5.12b-14
Vous avez encore besoin de lait, au lieu de nourriture solide. 13Celui qui se contente de lait n'est qu'un enfant, il n'a aucune expérience au sujet de ce qui est juste. 14Par contre, la nourriture solide est destinée aux adultes qui, par la pratique, ont les sens habitués à distinguer le bien du mal.

Si nous devons devenir simples et humbles comme les petits enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu, nous ne sommes pas pour autant appelés ensuite à rester des bébés spirituels. Nous sommes appelés à grandir, à acquérir sagesse et maturité. 

Alors entendons l’exhortation du père de Proverbes 4, que j’ai reformulée ainsi : Si tu veux être sage, aime la sagesse ! Prends plaisir à rechercher ce qui est juste et bon.

Et souvenons-nous de la promesse de Jacques, dans son épître : « si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui la lui donnera ; car Dieu donne à tous généreusement et avec bienveillance. » (Jacques 1.5) 

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