dimanche 14 août 2022

Ruth - épisode 4 : Une fin heureuse

 

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Résumé des épisodes précédents :

Noémi s’était exilée avec son mari et ses deux fils dans le pays de Moab, pour fuir la famine en Israël. Quelques années plus tard, elle retourne dans son pays, veuve et sans descendance, dans une situation précaire. Mais Ruth, une de ses belles-filles, a choisi de lui rester loyale et l’accompagne. 

En allant glaner dans un champ, comme la loi le prévoyait, Ruth rencontre un accueil inattendu et généreux de la part du propriétaire, Booz, qui s’avère être un parent de Noémi. Pour cette dernière, ce n’est pas un hasard… c’est Dieu qui a conduit Ruth. Elle met au point un plan pour inciter Booz à exercer son droit de rachat, une coutume de solidarité familiale, afin d’épouser Ruth. 

Ruth se plie volontiers à ce plan et Booz s’empresse d’y répondre favorablement. Mais il y a un hic : il existe un autre parent plus proche de Noémi qui est prioritaire pour le droit de rachat. La belle histoire d’amour qui naît entre Ruth et Booz va-t-elle capoter à cause de lui ? 


Ruth 4

1 Booz monta à la porte de la ville et s'y assit. Le parent dont Booz avait parlé à Ruth vint à passer. Booz l'appela : « Viens par ici et assieds-toi », lui dit-il. C'est ce qu'il fit. 2 Booz prit dix hommes parmi les anciens de la ville et dit : « Venez vous asseoir ici pour siéger. » Et ils prirent place. 3 Il déclara alors au parent d'Élimélek : « Tu sais que Noémi est revenue du pays de Moab. Eh bien, elle met en vente le champ qui appartenait à Élimélek, notre parent. 4 J'ai décidé de t'en informer et de te dire : Fais-en l'acquisition, devant les anciens et les autres personnes qui siègent ici. Si tu veux exercer ton droit de rachat, fais-le, sinon déclare-le-moi et que je le sache, car c'est à moi que ce droit revient tout de suite après toi. » L'homme dit : « Je veux bien acheter le champ. » 5 Booz reprit : « Si tu achètes le champ à Noémi, tu devras en même temps prendre pour femme Ruth, la Moabite, la femme de celui qui est mort, afin de maintenir le nom du mari décédé sur son patrimoine. » 6 Le proche parent répondit : « Je ne peux exercer mon droit de rachat, de peur de ruiner mes propres biens. Exerce donc toi-même mon droit de rachat, car je ne peux vraiment pas l'exercer moi-même. »

7 Or il y avait une coutume autrefois en Israël, en cas de rachat et d'échange : l'une des personnes ôtait sa sandale et la donnait à l'autre afin de valider toute affaire. Ce geste prouvait que le marché était conclu. 8 Le proche parent dit à Booz : « Fais-en l'acquisition » et il ôta sa sandale. 9 Booz déclara alors aux anciens et à tous ceux qui étaient là : « Vous êtes témoins aujourd'hui que j'ai acheté à Noémi tout ce qui appartenait à Élimélek et à ses fils, Kilion et Malon. 10 En même temps, je prends pour femme Ruth la Moabite, la veuve de Malon. De cette façon la propriété gardera le nom du mari décédé et son nom ne sera ni effacé dans son entourage ni dans les affaires de sa localité. En êtes-vous témoins aujourd'hui ? » 11 Les anciens et tous ceux qui étaient présents répondirent : « Oui, nous en sommes témoins ! Que le Seigneur accorde à la femme qui entre dans ta maison d'être comme Rachel et comme Léa qui ont donné naissance, à elles deux, au peuple d'Israël ! Que ta richesse soit grande dans le clan d'Éfrata et que ton nom soit célèbre à Bethléem ! 12 Que le Seigneur t'accorde de nombreux enfants par cette jeune femme et qu'ainsi ta famille soit semblable à celle de Pérès, le fils que Tamar donna à Juda ! »

13 Alors Booz prit Ruth comme épouse, elle devint sa femme. Il s'unit à elle et le Seigneur lui accorda de concevoir et elle donna naissance à un fils. 14 Les femmes de Bethléem dirent à Noémi : « Béni soit le Seigneur ! Aujourd'hui il ne t'a pas laissée sans quelqu'un pour te délivrer. Que son nom soit proclamé en Israël ! 15 Il te redonne la force de vivre, il est le soutien de ta vieillesse. Car ta belle-fille qui t'aime l'a enfanté : elle vaut mieux pour toi que sept fils. » 16 Noémi prit l'enfant et le tint serré contre elle, puis elle se chargea de l'élever. 17 Les femmes du voisinage lui donnèrent son nom. Elles disaient : « Noémi a un fils ! » et elles l'appelèrent Obed. Obed fut le père de Jessé, père de David.

18 Voici la descendance de Pérès : Pérès eut un fils Hesron, 19 Hesron eut un fils Ram, Ram eut un fils Amminadab, 20 Amminadab eut un fils Nachon, Nachon eut un fils Salma, 21 Salma eut un fils Booz, Booz eut un fils Obed, 22 Obed eut un fils Jessé et Jessé eut un fils, David.


Comme promis, et comme Noémi l’avait bien deviné, Booz ne tarde pas à prendre les choses en main. Il compte bien épouser Ruth et exercer son droit de rachat. Alors il fait les choses dans les règles, tout en présentant l’affaire de telle façon qu’il ait les meilleures chances d’arriver à ses fins. 

Il va se poster à la porte de la ville, sachant que l’autre parent plus proche (dont on ne connaîtra jamais le nom…) va forcément y passer dans la journée. Dans un lieu public, il va pouvoir procéder à l’affaire devant témoins. C’est ce qu’il fait quand l’homme en question arrive, prenant avec lui dix anciens de la ville. Habilement, il ne parle pas tout de suite de Ruth et du droit de rachat. Il parle de Noémi, revenue de Moab, et d’un champ qui lui appartient et qu’elle met en vente. Un champ qui, sans doute, était en friche depuis des années puisqu’elle était partie avec son mari… Pas sûr, donc, qu’il avait encore une grande valeur. C’est sans doute pourquoi l’homme est d’accord de racheter le champ. Ça n’allait pas lui coûter grand-chose. 

Et c’est à ce moment-là seulement que Booz parle de Ruth. S’il achète le champ, il devra aussi prendre Ruth comme épouse. Et là, c’est autre chose. Ça fait deux bouches à nourrir, parce qu’il y a aussi Noémi… Et visiblement, c’est beaucoup plus compliqué à envisager pour lui. Il estime même que cela mettrait en péril ses biens. Il préfère donc renoncer. Peut-être, d’ailleurs, avait-il perçu que Booz, lui, tenait à Ruth. En tout cas, il lui donne le champ libre : « exerce toi-même mon droit de rachat… »

Voici donc l’affaire conclue, devant témoins et dans les règles. Place au dénouement heureux de l’histoire : Booz et Ruth se marient et ont un enfant, un fils. C’est un grand sujet de joie pour tous. Les femmes de Bethléem se réjouissent avec Noémi : Dieu a pris pitié d’elle. C’est elle qui va même élever l’enfant, si bien que toutes disent : « Noémi a un fils ! »

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Il faut rester jusqu’au bout, comme pour les scènes post-génériques de certaines séries ou des films Marvel. En effet, la toute fin du livre de Ruth fait entrer la petite histoire dans la grande. La généalogie de Pérès, fils de Juda, rattache Booz et Ruth, héros de cette histoire toute simple, à un des plus illustres personnages de l’histoire biblique : le roi David, et par lui à la lignée du Messie. On retrouve d’ailleurs les noms de Booz et de Ruth mentionnés dans la généalogie qui débute l’évangile de Matthieu : « Booz eut un fils de Ruth, Obed » (Matthieu 1.5). 


Dieu choisit les petits et les oubliés

Au-delà du happy end, l’épisode final de notre mini-série révèle un destin extraordinaire pour Ruth. Cette jeune femme d’origine moabite est non seulement incorporée au peuple d’Israël mais elle est intégrée à la lignée messianique !

Habituellement, dans la Bible, on ne mentionne pas les femmes dans les généalogies. Seuls les hommes le sont. D’ailleurs, la généalogie qui termine le livre ne mentionne que Booz, pas Ruth. Mais il y a évidemment tout le récit qui précède qui met Ruth largement en valeur. Dans la généalogie de Matthieu, en revanche, quelques femmes sont mentionnées. 

Aux côtés de Ruth, on trouve mentionnées Tamar et Rahab, Bathshéba est sous-entendue (elle est désignée comme la femme d’Urie) et il y a bien-sûr Marie. 

Ces quelques femmes auraient pourtant pu rester totalement anonymes dans l’histoire… 

  • Ruth n’était pas Israélite mais Moabite, une jeune femme toute simple qui n’a rien fait d’extraordinaire sinon d'être restée loyale à sa belle-mère. 
  • Tamar était la belle-fille de Juda, la première femme dans le récit biblique qui aurait dû bénéficier du devoir de rachat mais qui a été négligée. Elle va se retrouver enceinte de son beau-père, Juda, à la suite d’une histoire assez sordide. Mais le fils qui naîtra sera Pérès, dont on fait la généalogie à la fin du livre de Ruth. 
  • Rahab non plus n’était pas Israélite. C’était même une prostituée… Elle habitait Jéricho et a caché les espions Hébreux lorsqu’ils sont venus observer la ville. On apprend dans la généalogie de Matthieu qu’elle sera aussi la mère de Booz. 
  • Bathshéba n’est pas mentionnée explicitement, mais on parle d’elle en la désignant comme la femme d’Urie. Et là c’est Urie qui, d’une certaine manière, est intégré par Batshéba dans la lignée messianique. Lui que le roi David avait envoyé au front, promis à une mort certaine, pour se débarrasser de lui après avoir abusé de Batshéba et l’avoir mise enceinte. Batshéba qui, plus tard, sera la mère de Salomon, celui qui succédera à David sur le trône. 
  • Quant à Marie, la mère de Jésus, on connaît son histoire, qui n’est pas banale. C’était une jeune fille simple et humble, qui a failli être répudiée par son fiancé Joseph. 

Ce n’est pas un hasard si ce sont ces femmes-là qui sont mentionnées dans la généalogie de Jésus. Dieu aime les petits, les oubliés ou les rejetés, ceux, et ici en particulier celles, qui pourraient facilement être oubliés par l’histoire. Il les utilise pour accomplir son projet. 

Dieu ne s’intéresse pas plus aux grands qu’aux petits. Pour lui, personne n’est insignifiants. Les plus petits et les plus humbles, il aime les intégrer à l'accomplissement de ses projets. Vous pouvez être oublié ou rejeté par les humains, Dieu se soucie de vous et il a des projets pour votre vie ! 

Faut-il rappeler que le projet de salut de Dieu a été pleinement accompli en Jésus qui est, certes, Fils de Dieu, mais qui est venu sur terre humblement, dans une famille toute simple, né dans une étable parce que personne ne voulait les accueillir ? 


L’évangile de Ruth

On pourrait aussi oser une lecture typologique du livre de Ruth, c’est-à-dire une lecture spirituelle et symbolique, annonçant la figure du Messie. Ne peut-on pas voir, derrière les personnages et les événements décrits, des préfigurations du Christ ? Il faut être prudent avec une telle lecture mais le Nouveau Testament nous invite bel et bien à considérer que tout l'Ancien Testament conduit au Christ.

L'épilogue du livre de Ruth est caractéristique : l'espoir renaît avec la naissance d'un fils à Ruth dont tout le monde souhaite qu’elle soit : « comme Rachel et comme Léa qui ont donné naissance, à elles deux, au peuple d'Israël ! » De plus, cet enfant naît à Bethléem, il est un ancêtre de David par la lignée duquel naîtra le Christ. Il s'appelle Obed, un nom qui signifie « serviteur » : la figure du serviteur est bien une figure messianique !

Si on regarde l'ensemble de l'histoire de Ruth, on peut aussi y voir comme une typologie du salut. La foi / fidélité de Ruth a changé le cours de sa vie, grâce à Booz, son rédempteur. Booz y apparaît comme une figure du Christ : c'est lui qui rachète Ruth et Noémi, qui les sauve. Noémi pourrait même être perçue comme une figure du peuple d'Israël, et Ruth une figure des païens, toutes deux sauvées, rachetées par Booz, comme le Christ a racheté, sauvé, Juifs et non-Juifs par amour, les unissant dans un même peuple. De plus, le Christ aussi est notre « proche parent » : il est notre frère par l'incarnation, le Fils de Dieu devenu homme.

Nous le voyons, derrière cette belle histoire familiale se cache un message d'une profondeur insoupçonnée. Un véritable évangile de Ruth… 


Conclusion

Nous voici arrivés au terme de notre mini-série de l’été. Elle se termine bien. Et même de façon inespérée quand on considère dans quelles conditions l’histoire a commencé. 

Le tournant de l’histoire, c'est évidemment la décision de Ruth, sa loyauté envers sa belle-mère alors qu’elle n’y était pas obligée. Sans cette décision, Noémi serait restée dans sa condition précaire et incertaine, Ruth n’aurait jamais glané dans le champ de Booz, les deux ne se seraient jamais mariés et Obed, ancêtre de Jésus-Christ, ne serait jamais né. La lignée messianique aurait dû passer par quelqu’un d’autre…  

Qui peut savoir les conséquences de nos décisions et de nos choix ? Qui peut se douter de la façon dont Dieu peut utiliser nos initiatives et nos actions ? 

Faisons-lui confiance, il agira selon ses plans. Dans sa providence il veille sur nous, car nul n’est insignifiant pour lui ! Nous sommes importants à ses yeux ! 


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