dimanche 12 janvier 2025

Dieu est au-dessus de tout cela…

 

Commençons l'année avec les Psaumes ! C'est la mini-série de prédication qui est proposée pour les trois premiers dimanches de janvier. Pour la deuxième prédication, nous lisons le Psaume 2 !

Psaume 2
1Les peuples s'agitent, mais pourquoi ?
Les pays complotent, mais c'est en vain !
2Les rois de la terre se préparent au combat,
les princes se concertent contre le Seigneur
et contre le roi qu'il a mis à part.
3« Rompons les liens qu'ils nous imposent, disent-ils,
rejetons leur domination ! »
4Mais le Seigneur se met à rire,
celui qui siège dans les cieux se moque d'eux.
5Puis il s'adresse à eux avec colère,
il les terrifie par son indignation :
6« À Sion, la montagne qui m'appartient, dit-il,
j'ai mis à part le roi que j'ai choisi. »
7Laissez-moi citer le décret du Seigneur ;
il m'a déclaré : « C'est toi qui es mon fils.
Aujourd'hui, je t'ai fait naître.
8Demande-moi tous les pays,
je te les donnerai en propriété ;
ton domaine s'étendra jusqu'au bout du monde.
9Tu les maîtriseras avec une autorité de fer,
tu les briseras comme un pot d'argile. »
10Eh bien, vous les rois, montrez-vous intelligents !
Laissez-vous avertir, souverains de la terre.
11-12Servez le Seigneur en reconnaissant qu'il est Dieu,
poussez des cris d'enthousiasme, tout en tremblant,
de peur qu'il ne se fâche et que votre projet ne vous perde,
car sa colère s'enflamme soudainement.
Heureux tous ceux qui trouvent refuge en lui !

Si le Psaume 1 était atypique en se présentant non comme une prière mais comme une béatitude, le Psaume 2 l’est aussi à sa manière. Ce n’est pas vraiment une prière non plus puisque le Psaume ne s’adresse pas à Dieu. Il parle de lui à la troisième personne : « les princes se concertent contre le Seigneur » (v.2), « le Seigneur se met à rire » (v.4), « Laissez-moi citer le décret du Seigneur » (v.7). Et il se termine par un appel adressé aux rois de la terre à servir le Seigneur. 

Le thème central du Psaume 2 est sans doute la souveraineté de Dieu sur tous les peuples et leurs dirigeants. C’est ce qui ressort bien de l’appel final à servir le Seigneur en reconnaissant qu’il est Dieu. 

Or, une autre particularité de ce Psaume est qu’il est cité dans le Nouveau Testament et appliqué, pour certaines de ses paroles, à Jésus-Christ. Il me semble être un bon exemple de ce que peut être une lecture à plusieurs niveaux d’un texte biblique. Si le thème central du Psaume reste le même, ce Psaume s’entend différemment lorsqu’on le lit dans le contexte de l’Ancien Testament, dans celui du Nouveau Testament, et sans doute aussi dans notre contexte aujourd’hui. C’est ce que je vous propose d’explorer. 


Un chant de combat et de résistance

Dans le contexte de l’Ancien Testament, ce Psaume est un chant de combat et de résistance. La souveraineté de Dieu est proclamée face aux peuples menaçants, autour du peuple d’Israël d’alors. L’agitation dont il est question dans les premiers versets du Psaume est celle de ces peuples voisins d’Israël ou de Juda, qui s’agitent et en veulent au peuple d’Israël et à son roi. C’est de lui qu’il est question lorsqu’on parle de celui qui est mis à part par Dieu, littéralement qui est l’oint du Seigneur. En arrière-plan ici, il y a la promesse de Dieu faite à David, lorsqu’il a affirmé qu’il aurait toujours un descendant sur le trône. 

C’est ce contexte qui donne un aspect un peu guerrier à ce Psaume, avec un Dieu menaçant, même s’il se termine par une large invitation à servir le Seigneur, et même par une béatitude à la portée universelle : « Heureux tous ceux qui trouvent refuge en lui ! »

Dans ce contexte, affirmer la souveraineté de Dieu sur tous les peuples est une source d’espérance, qui s’appuie sur les promesses de Dieu. Elle vise à rassurer, à donner la paix dans un contexte hostile et menaçant. 

L’affirmation de la souveraineté de Dieu reste essentielle aujourd’hui, face à toutes les agitations et les menaces de notre monde. Elle permet au croyant de trouver la paix dans un monde agité et troublé, où les sujets d’inquiétude ne manquent pas. 

Certes, dans le Psaume 2, les nations s’agitent contre Dieu… Dans le contexte de l’Ancien Testament, porter atteinte au peuple de Dieu, c’est porter atteinte à Dieu lui-même. Mais ne peut-on pas dire aujourd’hui, plus largement, que porter atteinte à tout être humain, créé à l’image de Dieu, c’est aussi porter atteinte au Créateur ? Toutes les haines et les violences qui agitent notre monde – parfois au nom de Dieu lui-même ! – tout ce qui opprime, persécute, humilie, détruit les êtres humains est une atteinte au Créateur. 


Un Psaume messianique

Cet élargissement de la portée du Psaume me paraît être aussi une conséquence de la perspective du Nouveau Testament. Le Psaume 2 a une dimension messianique qui déborde le contexte seul de l’Ancien Testament. Il est cité pas moins de quatre fois dans le Nouveau Testament. 

Le début du Psaume est cité dans Actes 4.25-26 et appliqué à l’opposition subie par Jésus de la part des représentants des nations et des responsables religieux d’Israël. En Actes 13.33, la formule du verset 7 « C'est toi qui es mon fils. Aujourd'hui, je t'ai fait naître. » est appliquée au jour de la résurrection de Jésus. L’épître aux Hébreux cite deux fois ce même verset 7 pour l’appliquer à Jésus-Christ. Une première fois pour signifier sa nature divine, supérieure aux anges : « Dieu n'a jamais dit à l'un de ses anges : ‘C'est toi qui es mon Fils, aujourd'hui je t'ai fait naître.’ » (Hébreux 1.5). Une seconde fois pour signifier son office de grand-prêtre, par sa mort et sa résurrection : « Le Christ, également, ne s'est pas accordé lui-même l'honneur d'être grand-prêtre. Il l'a reçu de Dieu, qui lui a déclaré : ‘C'est toi qui es mon Fils, aujourd'hui, je t'ai fait naître.’ » (Hébreux 5.5). 

Si le Psaume 2 s’applique, dans une perspective messianique, à la personne et l’œuvre de Jésus, alors il revêt une dimension nouvelle. On peut en faire une relecture à la lumière du Nouveau Testament. Une relecture spirituelle. Jésus lui-même a dit que son Royaume n’était pas de ce monde. 

Dans la perspective du Nouveau Testament, l’aboutissement de l’agitation des peuples et de leur révolte contre Dieu, c’est la mort de Jésus. D’une certaine manière, ce ne sont pas les Romains ou les Juifs qui ont crucifié Jésus, c’est l’humanité tout entière. 

La souveraineté de Dieu, dans le Christ, s’exprime dans la trajectoire de l’incarnation. L’humiliation du Fils de Dieu jusqu’à la mort de la croix, puis sa glorification dans sa résurrection et son ascension. C’est la conclusion de l’hymne christologique de Philippiens 2 : 

Philippiens 2.9-11
9C'est pourquoi Dieu l'a élevé à la plus haute place
et lui a donné le nom supérieur à tout autre nom.
10Il a voulu qu'au nom de Jésus, tous les êtres,
dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
se mettent à genoux,
11et que tous reconnaissent publiquement :
« Le Seigneur, c'est Jésus Christ,
pour la gloire de Dieu le Père. »

Dès lors, dans cette perspective, la relecture du Psaume 2 nous conduit à y voir une dimension avant tout spirituelle. Le peuple et le royaume du Psaume deviennent spirituels. L’agitation et les luttes sans doute aussi… c’est le combat spirituel dont parle l’apôtre Paul à plusieurs reprises. Face à ces réalités spirituelles qui peuvent nous oppresser ou nous menacer, la souveraineté de Dieu en Christ est absolue : par sa mort et sa résurrection, il est Vainqueur ! 


Le rire de Dieu

Je me permets une parenthèse avant de conclure. Je trouve qu’il y a aussi une formule étonnante du Psaume 2 qui résonne de façon particulière aujourd’hui. C’est l’évocation, au verset 4, d’un Dieu qui rit et se moque de ceux qui s’agitent sur terre… Ils croient pouvoir menacer le Seigneur… mais ils s’agitent en vain. 

Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien avec la commémoration des 10 ans de l’attentat de Charlie Hebdo cette semaine. Où des caricaturistes ont été assassinés pour des dessins, parce qu’ils riaient d’une religion. Ou plutôt des excès d’une religion. 

On peut rire ou pas de ces caricatures. On peut même être parfois dérangés ou choqués. Mais on ne peut pas tuer quelqu’un pour un dessin ! En tant que témoins du Christ, porteurs d’un message que nous croyons adressé à tous, nous devons défendre la liberté d’expression. Qui implique la liberté de critiquer, de rire et de caricaturer. Relisez le discours du prophète Esaïe, au chapitre 44 de son livre, et voyez comme il se moque et ridiculise les fabricants d’idoles. On est dans le même registre ! 

Affirmer la souveraineté de Dieu, c’est aussi affirmer qu’il n’est pas atteint par les attaques et les moqueries des humains. Il s’en moque lui-même. Je ne sais plus qui a dit cette formule très juste : Dieu n’a pas besoin de défenseurs, il a besoin de témoins… 

Je referme la parenthèse et je conclus.


Conclusion

Quand on considère les agitations du monde, aujourd’hui ou hier, quelles qu’en soient la forme, elles peuvent certes nous inquiéter ou nous interroger… Mais Dieu est au-dessus de tout cela. 

Il est et demeure, en toutes circonstances, le Dieu souverain. Au début de cette année nouvelle, dans un monde où les agitations ne manquent pas, il est bon de se le rappeler, et de le proclamer par la foi. 

Comme le Psaume 2 le dit en conclusion : « Heureux tous ceux qui trouvent refuge en Lui ! »



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire !