« Ecoute ! » C’est le titre de la série de prédications que nous avons commencé dimanche dernier dans le cadre de la campagne proposée par notre Union d’Eglises. Le titre de cette deuxième semaine est : « Ton serviteur écoute ».
Après Moïse et Elie sur la montagne de la transfiguration, c’est un autre grand personnage de la Bible que nous allons retrouver, dans les premières années de sa vie : Samuel.
Samuel a été un grand prophète, c’est lui que Dieu a utilisé pour choisir les premiers rois d’Israël : Saül, puis David. Sa naissance a été un exaucement à la prière d’Anne, sa mère, qui ne pouvait pas avoir d’enfant. En signe de reconnaissance à Dieu, Anne a décidé de consacrer son fils au Seigneur et de le confier au grand-prêtre Héli, au service du sanctuaire, qui se trouvait alors à Silo. Le temple de Jérusalem n’existait pas encore.
Nous retrouvons donc le jeune Samuel, encore enfant, dans le texte qui nous est proposé pour la prédication de ce matin.
1 Samuel 31Le jeune Samuel servait le Seigneur, sous la surveillance d'Héli.En ce temps-là, il était rare que le Seigneur parle directement à un être humain ou qu'il lui accorde une vision.2Une nuit, le prêtre Héli, qui était devenu presque aveugle, dormait à sa place habituelle. 3Samuel aussi dormait. Il était dans le sanctuaire du Seigneur, près du coffre de l'alliance. Avant l'aube, alors que la lampe du sanctuaire brûlait encore, 4le Seigneur appela Samuel. Celui-ci répondit : « Oui, maître ! », 5puis il accourut auprès d'Héli et lui dit : « Tu m'as appelé ; me voici ! » – « Je ne t'ai pas appelé, dit Héli ; retourne te coucher. » Samuel alla se recoucher.6Une seconde fois le Seigneur appela : « Samuel ! » L'enfant se leva et revint dire à Héli : « Tu m'as appelé ; me voici ! » – « Non, mon enfant ! répondit Héli, je ne t'ai pas appelé ; retourne te coucher. » 7Samuel ne connaissait pas encore personnellement le Seigneur, car celui-ci ne lui avait jamais parlé directement jusqu'alors.8Pour la troisième fois, le Seigneur appela : « Samuel ! » Samuel se leva, revint trouver Héli et lui dit : « Tu m'as appelé ; me voici ! » Cette fois, Héli comprit que c'était le Seigneur qui appelait l'enfant. 9Il lui dit alors : « Va te recoucher. Et si on t'appelle de nouveau, tu répondras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !” » Samuel alla donc se recoucher à sa place.10Le Seigneur vint et se tint là ; comme les autres fois, il appela : « Samuel, Samuel ! » L'enfant répondit : « Parle, ton serviteur écoute ! » 11Le Seigneur déclara à Samuel : « Je vais frapper Israël d'un malheur tel qu'il fera l'effet d'un coup de tonnerre sur ceux qui l'apprendront. 12Ce jour-là, je réaliserai à l'égard d'Héli et de sa famille tous les malheurs dont je les ai menacés, sans rien négliger. 13Je l'ai averti que je condamnais sa famille pour toujours ; en effet, ses fils ont péché en me traitant avec mépris, et lui, qui savait cela, les a laissés faire. 14C'est pourquoi j'ai juré à la famille d'Héli que ni les sacrifices ni les offrandes ne pourront jamais effacer son péché. »15Samuel resta couché jusqu'au matin. Puis il ouvrit les portes du sanctuaire. Il craignait de raconter sa vision à Héli ; 16mais Héli l'appela : « Samuel, mon enfant ! » – « Oui, maître ! », répondit-il. 17« Que t'a dit le Seigneur ? demanda Héli ; ne me cache rien. Si tu me caches un seul mot de ce que Dieu t'a dit, je veux qu'il t'inflige la plus terrible des punitions. » 18Alors Samuel lui raconta tout, sans rien cacher. Héli déclara : « C'est le Seigneur ! Qu'il fasse ce qu'il juge bon. »19Samuel devint grand. Le Seigneur était avec lui, si bien qu'aucune des paroles que Samuel prononçait de sa part ne restait sans effet. 20C'est ainsi que dans tout le pays d'Israël, de Dan, au nord, jusqu'à Berchéba, au sud, on sut que Samuel était un vrai prophète du Seigneur. 21Le Seigneur continua de se manifester à Silo : en effet, c'est là qu'il se révélait à Samuel pour lui faire connaître sa parole.
On apprend au début de ce texte qu’on était alors dans une période prophétique peu animée de l’histoire d’Israël : il était rare que le Seigneur se révèle directement à des personnes. Cette précision explique, peut-être, le fait que Samuel ne s’attend pas à entendre l’appel de Dieu, alors même qu’il servait dans le sanctuaire. C’est peut-être aussi lié à son jeune âge. Toujours est-il que lorsqu’il entend la voix de Dieu l’appeler, au milieu de la nuit, il est persuadé que c’est son maître Héli qui l’appelle. Et comme ce n’est pas le cas, son maître le renvoie se coucher !
Ce n’est que la troisième fois qu’Héli comprend ce qui se passe. Il donne alors un conseil avisé au jeune Samuel, en lui disant de répondre : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » C’est ce qu’il fait lorsque le Seigneur l’appelle pour la quatrième fois, et cette fois Dieu lui transmet un message. Notez bien que ce n’est pas vraiment le message le plus facile à délivrer pour le jeune Samuel puisque c’est une parole sévère de jugement, qui en plus concerne son maître Héli et sa famille.
D’ailleurs, on sent qu’il n’a pas trop envie de partager avec Héli le message qu’il a reçu. Le lendemain matin, il craint de devoir en parler à son maître. Mais Héli veut savoir. On le comprend… On peut même se demander s’il ne se doutait pas de la teneur du message : d’une part, il insiste avec force et même avec des menaces auprès de Samuel pour qu’il lui raconte ce que Dieu lui a dit, lui demandant même explicitement de ne rien lui cacher ; d’autre part, lorsque Samuel lui dit tout ce que le Seigneur lui a révélé, il accepte, sans broncher.
En réalité, ce n’est pas une surprise pour Héli, ce n’est qu’une confirmation de ce qu’il sait déjà. On apprend en effet au chapitre 2 qu’un homme de Dieu avait déjà annoncé ce jugement à Héli, à cause de ses fils qui abusaient de leur position de prêtre et détournaient les sacrifices des fidèles à leur propre profit.
A la fin de notre texte, Samuel est devenu grand et il est un prophète reconnu dans tout le pays d’Israël. Le Seigneur est avec lui, et ce qu’il annonce au nom du Seigneur ne reste jamais sans effet.
Nous ne sommes pas Samuel, nous n’avons pas reçu le même appel que lui. Il n’empêche que son expérience peut nous rejoindre, d’une certaine façon, quant à notre écoute de Dieu. Voici ce que je vous propose de retenir, à partir de l’expérience du jeune Samuel : Dieu ne cesse d’appeler mais il ne peut vraiment parler que lorsqu’on se met à son écoute.
1. Dieu ne cesse de nous appeler
Le Seigneur a quand même dû s’y prendre à quatre fois pour que Samuel réponde à son appel. Il est revenu à la charge, patiemment, plusieurs fois dans la même nuit.
C’est une constante dans la Bible, Dieu nous appelle. Il cherche à renouer le contact avec nous. On le voit dès les premières pages de la Genèse, alors que la communion vient d’être rompue avec le Créateur, dans le jardin d’Eden, il cherche à renouer le contact. Il appelle l’homme : « où es-tu ? » (Genèse 3.9)
Dès lors, Dieu ne cesse de nous appeler. Cet appel retentit dans la création qui témoigne du Créateur, il résonne au fond de notre cœur, dans notre conscience, il transparaît dans les circonstances de notre vie, dans l’histoire du monde, il jaillit du texte de l’Ecriture, lorsque nous y percevons une parole de Dieu. Il a retenti dans toute sa force dans la personne de Jésus, venu annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, une Bonne Nouvelle qui est avant tout un appel : un appel à suivre le Christ, un appel à croire, un appel à revenir à Dieu, un appel à entrer dans le Royaume de Dieu, un appel à changer de vie.
Dieu appelle, sans cesse. Mais on ne s’en rend pas toujours compte. Comme le jeune Samuel, on peut sans doute entendre sans comprendre que c’est Dieu qui nous appelle… Alors posez-vous la question : est-ce que Dieu est en train de vous appeler aujourd’hui, d’une manière ou d’une autre ?
2. Dieu attend que nous soyons disposés à l’écouter
Dieu a appelé quatre fois Samuel jusqu’à ce qu’il soit prêt à l’écouter. Il ne se lasse pas d’appeler… mais il attend que nous soyons disposés à l’écouter pour nous parler. Il ne parle pas dans le vide !
« Parle, ton serviteur écoute ! » Même si la formule a été suggérée par Héli, elle témoignait de la disposition de Samuel à l’écoute. Maintenant qu’il a identifié qui l’appelait, il peut se mettre à son écoute et recevoir le message que Dieu veut lui envoyer.
En réalité, Dieu ne s’impose pas à nous. Il nous appelle… et il nous parle quand nous sommes prêts.
« Parle, ton serviteur écoute ! » Il ne s’agit pas pour nous d’utiliser telle ou telle formule pour que ça marche… mais il est pertinent de nous demander si nous sommes disposés à écouter Dieu.
Est-ce que nous nous préparons à écouter Dieu ? Est-ce que nous prenons les dispositions nécessaires pour que nous soyons dans les meilleures conditions pour le faire ? Est-ce que nous réservons du temps, dans notre vie quotidienne, pour nous mettre à l’écoute de Dieu ? Est-ce que nous savons, quand il le faut, consacrer un temps spécifique d’écoute, de retraite, de prière et de méditation ?
Rappelons-nous que Dieu ne s’impose pas à nous, il attend que nous soyons disposés à l’écouter…
3. Ecouter Dieu, ça s’apprend
Bien-sûr, ce n’est pas forcément évident de se mettre à l’écoute de Dieu. Mais une autre leçon que nous pouvons tirer du récit de ce matin est le fait que l’écoute de Dieu, ça s’apprend.
Il faut souligner le rôle de Héli pour permettre à Samuel d’écouter le Seigneur. Il lui dit comment faire, et Samuel apprend à écouter. Par ailleurs, l’épilogue de notre texte, qui fait un bond dans le temps pour évoquer Samuel devenu un prophète reconnu dans tout le pays, témoigne du chemin qu’il a parcouru. Désormais, il sait parfaitement écouter Dieu si bien que tout ce qu’il annonce au nom du Seigneur ne reste pas sans effet.
Finalement, un prophète, c’est d’abord quelqu’un qui sait écouter Dieu. Un faux prophète sait parler, il le fait même au nom de Dieu, de manière abusive. Il ne transmet toutefois pas le message du Seigneur. Il ne sait pas écouter Dieu.
Ecouter Dieu, ça s’apprend… En réalité, ça s’apprend moins dans les bouquins que par l’expérience. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bons conseils et de bons principes à retirer de livres sur la question, je dis surtout que c’est à force d’écouter qu’on apprend à mieux écouter !
Samuel a appris vite. En une nuit… Il nous faut sans doute un peu plus de temps. Et comme lui nous pouvons aussi profiter de l’expérience des plus anciens, de leurs conseils. Comment est-ce que nous pouvons, dans l’Eglise, nous encourager les uns les autres et nous apprendre mutuellement à écouter Dieu ?
Conclusion
Dieu ne cesse d’appeler mais il ne peut vraiment parler que lorsqu’on se met à son écoute.
Dans le dialogue avec Dieu, nous avons notre part à faire. Et c’est d’abord celle de l’écoute. Dieu ne s’impose pas à nous. Il nous appelle, sans cesse, avec patience, et il le fera aussi longtemps qu’il le faudra. Jusqu’à ce que nous nous mettions à son écoute.
L’écoute de Dieu est probablement un des apprentissages les plus importants de la vie chrétienne. Oui, l’écoute de Dieu s’apprend. Nous pouvons bénéficier des conseils des plus expérimentés, comme le jeune Samuel avec Héli. Mais fondamentalement, c’est un apprentissage à vivre. C’est en écoutant que nous apprenons à écouter…
Alors, comme Samuel, sommes-nous prêts à dire : « Parle, Seigneur, ton serviteur/ta servante écoute ! » ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez un commentaire !